inculte futur
exposition personnelle
du 31/01/2018 au 10/03/2018
arts factory _ bastille

27 rue de charonne 75011 paris _ métro : ledru-rollin & bastille
du lundi au samedi de 12h30 à 19h30 _ infoline : +33(0)6 22 85 35 86
vernissage le mardi 30 janvier de 17h à 21h
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© moolinex courtesy arts factory

INCULTE FUTUR /
une exposition de MOOLINEX

Teaser grandeur nature d'une monographie à paraître dans les toutes prochaines semaines aux éditions Les Requins Marteaux, l'exposition "Inculte Futur" propose sur les quatre niveaux de la Galerie Arts Factory, un subversif état des lieux dédié à la production d'un artiste hors norme.

Insoumis avant l'heure, Jean-Philippe Simonnet n'est pas né dans la rue, mais à Nogent en 1966. Vous le connaissez mieux sous le nom de Moolinex, tant il écume depuis le début des années 90 la scène artistique française; du circuit alternatif aux lieux institutionnels les plus exigeants. Plasticien iconoclaste, il se frotte avec un humour revendicatif à toutes les matières, à toutes les formes, se remettant perpétuellement en question pour déverrouiller les portes qui cloisonnent bande dessinée, culture populaire et art contemporain. Réunissant un impressionnant ensemble de peintures récentes autour d'une sélection d'oeuvres emblématiques, "Inculte Futur" explore ainsi 25 ans de créativité sans filtre, au service d'une propagande maison. Entre regard désabusé sur les modèles de pensée dominants et la misère sociale qui en découle inévitablement, Moolinex ne nous promet clairement pas des lendemains qui chantent. Avec un sens bienveillant de la provocation, son programme à base de slogans définitifs nous prépare néanmoins à affronter - sourire (jaune) au bord des lèvres - l'inéluctable effondrement d'un système à bout de souffle.

© moolinex courtesy arts factory

Camille de Singly, commissaire de la première mouture de l'exposition présentée cet automne dans le cadre de la manifestation "L'art est ouvert" en Dordogne, revient sur quelques balises d'un parcours déjà bien rempli :

Quand Jean-Philippe Simonnet naît à lʼart au début des années 1990, le jeu du pseudonyme a saisi toute une génération de créateurs indépendants, croisant la musique, lʼillustration, la bande dessinée. Pakito Bolino, Fredox, Kerozen, Duralex, après Kiki et Loulou Picasso, Captain Cavern ou Placid et Muzo... Simonnet devient Moulinex* , comme lʼentreprise française homonyme, symbole dʼun monde industriel dont Simonnet veut sʼextraire. A lʼévidence aujourdʼhui, ce nom dit aussi quelque chose dʼune œuvre à venir, celle dʼun artiste qui échappe à toute catégorisation, et transforme - mixe ? - ce quʼil touche, voit, entend. Avec violence et douceur.

En 1992, à Nogent-sur-Marne, Moolinex crée avec un copain un premier fanzine, Flow-Pow, pied-de-nez au Flower Power des hippies. Brandissant le qualificatif de "banlieusard" comme un étendard guerrier, ils imposent à leur fanzine une esthétique "deluxe", un croisement de fanzine punk et des belles couvertures en couleur de Métal Hurlant. Lʼaventure sʼarrête assez vite, mais Moolinex est lancé. Il est embauché par la Fanzinothèque de Poitiers comme sérigraphe en 1995, et développe en même temps son propre travail, des dessins édités par Le Dernier Cri, structure dʼédition alternative alors située à Paris.

Avec des amis (Pierre Druilhe, Guillaume Bouzard et Olivier Besseron), Moolinex produit des scénographies pour des concerts, à base de peintures géantes. Tous les quatre rencontrent à Angoulême la première équipe des Requins Marteaux, Bernard Katou, Guillaume Guerse et Marc Pichelin, et sʼinstallent avec eux en banlieue dʼAlbi, à Saussenac. En 1996, ils lancent la première formule de la revue Ferraille qui se donne pour vocation d'être un "Mickey trash", et Moolinex y inscrit sa série Flip & Flopi consacrée à deux garnements dont la vie est faite de sexe et de conneries. Son dessin pose les bases dʼune nouvelle BD; les héros ne sont plus dessinés de la même manière dʼune case à lʼautre. En changeant son dessin librement, selon le fil de la narration et lʼévolution de ses personnages, Moolinex contribue à libérer la BD de la fabrication en série usinée, standardisée. Cʼest ce chemin que choisissent aussi de prendre dʼautres auteurs de la même génération, on pense notamment à Matt Konture ou Winshluss.

De retour à Poitiers en 1998, Moolinex déniche "un vieux carnet jaunasse et pourri" dans le hangar du Confort Moderne et commence à y dessiner. Cʼest le début dʼune longue série de carnets, faits la nuit. Ils sont imprimés au fur et à mesure par Le Dernier Cri, de 2000 à 2004, à 400-500 exemplaires. Chaque carnet sʼintitule Art Pute, terme que Didier Bourgoin définit comme la "narration ludique et cryptée de ses frustrations scolaires et tourments existentiels". Cʼest le début, aussi, dʼune prise de conscience importante qui oriente toute une partie de la production à venir : en utilisant des supports perdus, Moolinex sʼaffranchit de sa hantise profonde de "gâcher", héritée des périodes de vaches maigres de son enfance. Anciens livres dʼenfants repeints intégralement, supports salis volontairement au café et au tabac… Et le désir, toujours, de "ne pas avoir de main, de pli, dʼéchapper à toute forme de normalisation, dʼhabitude, qui enfermerait le dessin".

En 2003, Moolinex sʼattaque au canevas; une pratique de loisir populaire avec des motifs gentillets. Moolinex y injecte des aphorismes politisés, réalisés avec une agressive palette rouge et noir : "Une bonne victoire, un bon bain de sang et au lit !". Le détournement de canevas nʼest pas une pratique nouvelle, mais pour Moolinex, il ne sʼagit pas tant dʼinterroger lʼinégalité de traitement des hommes et des femmes en matière de création, que de souligner la propension de lʼhomme à "faire de lʼusine quand il est en loisir", tant la technique du point de croix est répétitive et demande le même type de concentration que celle du travail à la chaîne. En 2009, Moolinex expose ces oeuvres au Confort Moderne sous le titre Poing de croix. Il y intègre une nouvelle série de broderies sur tissu blanc, dérivée des napperons dʼantan, quʼil pose sur des objets domestiques comme des armes à retardement. Du concentré révolutionnaire et de la provocation sexuelle en kit de décoration kitsch.

A lʼaube des années 2010, Moolinex rencontre lʼartiste Aurélie William Levaux, qui lʼattire vers la Belgique et lʼembarque dans plusieurs aventures dont celle de Johnny Christ et de La Réponse. Une parenthèse de "couple icône", qui explose lors de l'exposition Notoriété Discrète en 2015, dont Moolinex renaît déterminé à "sortir de lʼunderground pour que les gens voient (ses) travaux". Cette envie en croise une autre, celle dʼaffirmer une œuvre, de lui donner une place, une durée ... "faire du viable".

* moulinex deviendra moolinex au milieu des années 2000, fils dʼun ouvrier et titulaire dʼun cap dʼajustage, il se destine lui aussi à travailler en usine.

© moolinex courtesy arts factory


© moolinex courtesy arts factory

© moolinex courtesy arts factory

visuels de haut en bas :
moolinex - "inculte futur", 2017 - acrylique sur papier marouflé sur toile, 195 x 130 cm
moolinex - "combien de vierges nous attendent en enfer ?", 2016 - acrylique sur papier marouflé sur toile, 195 x 130 cm
moolinex - "les enfants sont des gens méchants", 2009 - canevas, 50 x 50 cm

moolinex - "beginner", 2017 - acrylique sur papier marouflé sur toile, 195 x 130 cm
 
une exposition proposée en partenariat avec les requins marteaux
et l'agence culturelle de dordogne
 

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